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savant d’un esprit judicieux et d’un caractère élevé. Pringle, dit-on, représenta respectueusement que les prérogatives du président de la Société royale n’alloient pas jusqu’à changer les lois de la nature. Il eût pu ajouter que s’il est honorable pour les princes, non-seulement de protéger les sciences comme ils le doivent, mais encore d’amuser leurs loisirs en s’informant des discussions qu’elles occasionent, ce ne peut être qu’à condition de ne pas faire intervenir leur rang à l’appui des opinions qu’ils adoptent. Ni ces réflexions ne furent faites, ni les représentations de Pringle ne furent reçues avec la bonté à laquelle il étoit accoutumé ; et comme depuis trois ans cette malheureuse querelle lui avoit déjà procuré mille tracasseries, il crut convenable à son repos de donner sa démission. Ce fut à sa place que M. Banks fut élu au mois de novembre 1778. De quel côté s’étoit-il rangé dans la guerre des pointes et des boutons électriques : nous ne le savons pas bien 5 mais ce que tout le monde comprend , c’est qu’en pareille circonstance il étoit impossible que qui que ce fût arrivât à la présidence sans y être accueilli par de grandes inimitiés. M. Banks devoit y être plus exposé, préci- sément parce qu’il jouissoit de la faveur de ce même person- nage à qui son prédécesseur avoit déplu ; en outre il étoit riche, il étoit jeune, et bien qu’il eût fait pour les sciences plus que beaucoup d’écrivains, il avoit peu écrit. Que de motifs et que de prétextes pour l’attaquer! quelle honte pour l’Angleterre et pour les mathématiques! un simple amateur alloit occuper le fauteuil de Newton! comme si on avoit pu espérer que jamais un autre Newton l’occuperoit. Un natu- raliste alloit se voir à la tête de tant de mathématiciens!