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de M. A. Thouin.

beaux que dans son pays natal. C’est aussi à M. Thouin, après M. de La Billardière, que la France continentale devra de posséder le phormium tenax, ou lin de la Nouvelle-Zélande, dont les filamens sont si supérieurs au chanvre, en force et en élasticité.

Je n’ai pas besoin de dire quel immense travail exigeoient les correspondances qui procuroient tant de richesses et les instructions nécessaires pour en assurer la conservation. Chaque fois qu’un envoi de végétaux partoit pour les provinces ou pour les colonies, M. Thouin l’accompagnoit de renseignemens sur la manière de soigner chaque espèce pendant la route, de l’établir au lieu de sa destination, d’en favoriser la reprise et le développement, de faire d’une manière avantageuse la récolte que l’on devoit en attendre, de la multiplier enfin, soit de graines, soit de boutures ou de marcottes. C’est d’après ces instructions que se dirigeoient les cultivateurs et les colons français ou étrangers. Les hommes même qui accompagnoient ses envois, ou que l’on faisoit venir pour diriger les plantations étoient ses élèves et avoient travaillé sous ses yeux dans le Jardin du Roi. Cayenne, le Sénégal, Pondichéry, la Corse, ne recevoient de jardiniers que de sa main. Son nom retentissoit partout où existoit une culture nouvelle. Cette influence s’étendit encore lorsqu’en 1795, dans la nouvelle organisation de l’établissement, il fut nommé professeur et chargé d’enseigner publiquement l’art qu’il pratiquoit avec tant de bonheur. Avec sa modestie ordinaire, il vouloit réserver ses leçons aux jardiniers, et dans ce but il les faisoit à six heures du matin ; mais cette précaution n’effraya point une multitude de propriétaires et d’amateurs

Mém. du Muséum. t. 13.
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