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Éloge historique

pour les plans et les constructions, jardinier pour tout ce qui avoit rapport aux végétaux vivans, botaniste pour ce qui regardoit leur disposition et leur nomenclature, et il mit dans des soins si divers une telle intelligence que tout lui réussit également, et les plantations, et les opérations financières, et les édifices. Toutefois, parmi tant de travaux, ceux qui regardoient directement les plantes s’attiroient surtout son affection. Il devint par degrés le centre d’une correspondance qui s’étendoit à toutes les parties du monde, et dont l’objet n’étoit pas moindre que d’en faire circuler de toutes parts et dans tous les sens les productions végétales. C’est ainsi du moins que M. Thouin conçut la nature de sa place, et d’après ce plan qu’il s’en traça les devoirs. La botanique, toute l’histoire naturelle lui paroissoient telles qu’elles doivent être, telles que Linnæus et Buffon les avoient envisagées, non plus comme des études partielles et fragmentaires d’objets curieux par quelques singularités ou par quelques propriétés utiles, trop souvent sujettes à contestation ; mais comme la science générale qui identifie l’homme avec la nature, comme la connoissance et la recherche de tout ce qui existe sur le globe et dans ses entrailles. Rien ne lui doit échapper, ni la moindre mousse, ni le moindre insecte, pas même l’animalcule infusoire que l’on ne commence à apercevoir qu’à l’aide d’un microscope qui grossit cinq cents fois. Non pas que dans cette élévation d’où elle contemple tout, elle doive négliger ce qui est utile : au contraire, c’est de là seulement qu’elle est en état de saisir tout ce qui l’est, ou ce qui peut l’être. Mille usages des productions de la nature nous seroient encore inconnus si nous n’avions étudié ces