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PREMIERS FAITS D’ARMES.

je plaçai au milieu de mon détachement ; puis, abandonnant tous les autres Barco, je m’éloignai au galop, en contournant de nouveau le village.

Bien me prit de faire prompte retraite, car, ainsi que je l’avais prévu, les fuyards avaient couru prévenir les cantonnements voisins, auxquels le bruit de la fusillade avait déjà donné l’éveil. Tous prirent les armes, et une demi-heure après, il y avait plus de quinze cents cavaliers sur les rives du petit étang, et plusieurs milliers de fantassins suivaient de près ; mais nous étions déjà à deux lieues de là, nos blessés ayant pu soutenir le galop. Nous nous arrêtâmes un instant sur le haut d’une colline pour les panser, et nous rîmes beaucoup, en voyant au loin plusieurs colonnes ennemies se mettre sur nos traces, car nous avions la certitude qu’elles ne pouvaient nous joindre, parce que, craignant de tomber dans une embuscade, elles n’avançaient que fort lentement et en tâtonnant. Nous étions donc hors de danger. Je donnai à Pertelay deux housards des mieux montés et le fis partir au galop pour aller prévenir le général Séras du résultat de notre mission ; puis, remettant le détachement dans l’ordre le plus parfait, nos prisonniers toujours au centre et bien surveillés, je repris au petit trot le chemin de l’auberge.

Il me serait impossible de décrire la joie de mes camarades et les félicitations qu’ils m’adressaient pendant le trajet ; tous se résumaient en ces mots qui, selon eux, exprimaient le nec plus ultra des éloges : « Tu es vraiment digne de servir dans les housards de Bercheny, le premier régiment du monde ! »

Cependant, que s’était-il passé à Santo-Giacomo pendant que je faisais mon expédition ? Après plusieurs heures d’attente, le général Séras, impatient d’avoir des nouvelles, aperçoit, du haut de la montagne, de la fumée