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CHAPITRE VIII

Arrivée à Nice. ― Mon mentor Pertelay. ― Comment je deviens un vrai housard de Bercheny. ― J’entre dans la clique. ― Mon premier duel à la Madona près Savone. ― Enlèvement d’un convoi de bœufs à Dego.

La ville de Nice était remplie de troupes, parmi lesquelles se trouvait un escadron du 1er de housards, auquel j’appartenais. Ce régiment, en l’absence de son colonel, était commandé par un très brave chef d’escadron nommé Muller (c’était le père de ce pauvre malheureux adjudant du 7e de housards qui fut blessé d’un coup de canon, auprès de moi, à Waterloo). En apprenant que le général de division venait d’arriver, le commandant Muller se rendit chez mon père, et il fut convenu entre eux qu’après quelques jours de repos je ferais le service dans la 7e compagnie, commandée par le capitaine Mathis, homme de mérite, qui plus tard devint colonel sous l’Empire et maréchal de camp sous la Restauration.

Quoique mon père fût fort bon pour moi, il m’en imposait tellement, que j’étais auprès de lui d’une très grande timidité, timidité qu’il supposait encore plus grande qu’elle ne l’était réellement ; aussi disait-il que j’aurais dû être une fille, et il m’appelait souvent mademoiselle Marcellin : cela me chagrinait beaucoup, surtout depuis que j’étais housard. C’était donc pour vaincre cette timidité que mon père voulait que je fisse le ser-