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CHAPITRE XXXVII

Mission à Dresde. — Contrebande involontaire. — Incident à Mayence. — Séjour à Paris et à la Houssaye.

L’armée française fut répartie dans diverses provinces d’Allemagne et de Pologne sous le commandement de cinq maréchaux, dont Lannes avait demandé à ne pas faire partie, parce que le soin de sa santé le rappelait en France. Ainsi, quand bien même j’aurais été son aide de camp titulaire, j’aurais dû retourner à Paris ; à plus forte raison devais-je quitter l’armée pour rejoindre le maréchal Augereau, à l’état-major duquel je n’avais pas cessé d’appartenir, ma mission auprès du maréchal Lannes n’étant que temporaire. Je me préparai donc à retourner à Paris. Je vendis tant bien que mal mes deux chevaux, et envoyai Lisette au régisseur général, M. de Launay, qui, l’ayant prise en affection, m’avait prié de la remettre en dépôt chez lui, lorsque je n’en aurais plus besoin. Je lui prêtai indéfiniment cette bête, calmée désormais par ses blessures et ses fatigues. Il la faisait monter à sa femme et la garda sept ou huit ans, jusqu’à ce qu’elle mourût de vieillesse.

Pendant les vingt jours que l’Empereur venait de passer à Tilsitt, il avait expédié une très grande quantité d’officiers tant à Paris que sur les divers points de l’Empire ; aussi le nombre des disponibles pour ce service était presque complètement épuisé. Napoléon, ne voulant pas qu’on prît des officiers dans les régiments,