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CHAPITRE XXIII

L’armée se dirige vers le Rhin. — Début des hostilités. — Mission auprès de Masséna. — Trafalgar. — Jellachich met bas les armes à Bregenz. — Ruse du colonel des housards de Blankenstein. — Son régiment nous échappe.

La grande armée que l’Empereur allait mettre en mouvement contre l’Autriche tournait alors en quelque sorte le dos à cet empire ainsi qu’à l’Europe, puisque les deux camps français, répartis sur les rivages de la mer du Nord, de la Manche et de l’Océan, faisaient face à l’Angleterre. En effet, la droite du 1er corps, commandée par Bernadotte, occupait le Hanovre ; le 2e, aux ordres de Marmont, se trouvait en Hollande ; le 3e, sous Davout, était à Bruges ; les 4e, 5e et 6e, que commandaient Soult, Lannes et Ney, campaient à Boulogne ou dans les environs ; enfin le 7e, aux ordres d’Augereau, se trouvait à Brest et formait l’extrême gauche.

Pour rompre ce long cordon de troupes et en former une masse considérable destinée à marcher sur l’Autriche, il fallait opérer un immense changement de front en arrière. Chaque corps d’armée exécuta donc un demi-tour pour faire face à l’Allemagne, sur laquelle il se dirigea par le chemin le moins long. L’aile droite devint ainsi la gauche, et la gauche la droite.

On conçoit que pour se porter du Hanovre ou de la Hollande sur le Danube, le 1er et le 2e corps avaient beaucoup moins de trajet à parcourir que ceux qui venaient