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MÉMOIRES DU GÉNÉRAL DE MARBOT.

me tirai donc assez bien de mon apprentissage du métier de courrier, dans lequel vous verrez que les circonstances me forcèrent plus tard à me perfectionner. Il n’en fut pas de même de Mainvielle ; aussi mîmes-nous deux jours et deux nuits pour nous rendre à Nantes, où il arriva brisé, rompu, et dans l’impossibilité de continuer le voyage à franc étrier. Cependant, comme nous ne pouvions pas exposer le général en chef à se trouver sans logement à son arrivée à Brest, il fut convenu que je me rendrais dans cette ville et que Mainvielle me rejoindrait en voiture.

Dès mon arrivée, je louai l’hôtel du banquier Pasquier, frère de celui qui fut chancelier et président de la Chambre des pairs. Plusieurs de mes camarades, et Mainvielle lui-même, vinrent me joindre quelques jours après, et m’aidèrent à ordonner tout ce qui était nécessaire à l’établissement du général en chef, qui le trouva convenable pour le grand état de maison qu’il avait le projet d’y tenir.

1804. — Nous commençâmes à Brest l’année 1804.

Le 7e corps se composait de deux divisions d’infanterie et d’une brigade de cavalerie ; ces troupes n’étant pas campées, mais seulement cantonnées dans les communes voisines, tous les généraux et leurs états-majors logeaient à Brest, dont la rade et le port contenaient un grand nombre de vaisseaux de tout rang. L’amiral et les chefs principaux de la flotte étaient aussi en ville, et les autres officiers y venaient journellement, de sorte que Brest offrait un spectacle des plus animés. L’amiral Truguet et le général en chef Augereau donnèrent plusieurs fêtes brillantes, car de tout temps les Français préludèrent ainsi à la guerre.

Dans le courant de février, le général Augereau partit pour Paris, où le premier Consul l’avait mandé afin de