Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE XX

Augereau. — Divers épisodes de sa carrière.

Je dois maintenant vous donner la biographie du maréchal Augereau.

La plupart des généraux qui se firent un nom dans les premières guerres de la Révolution étant sortis des rangs inférieurs de la société, on s’est imaginé, à tort, qu’ils n’avaient reçu aucune éducation, et n’avaient dû leurs succès qu’à leur bouillant courage. Augereau surtout a été fort mal jugé. On s’est complu à le représenter comme une espèce de sacripant, dur, tapageur et méchant ; c’est une erreur, car bien que sa jeunesse ait été fort orageuse, et qu’il soit tombé dans plusieurs erreurs politiques, il était bon, poli, affectueux, et je déclare que des cinq maréchaux auprès desquels j’ai servi, c’était incontestablement celui qui allégeait le plus les maux de la guerre, qui était le plus favorable aux populations et traitait le mieux ses officiers, avec lesquels il vivait comme un père au milieu de ses enfants. La vie du maréchal Augereau fut des plus agitées ; mais, avant de la juger, il faut se reporter aux usages et coutumes de l’époque.

Pierre Augereau naquit à Paris en 1757. Son père faisait un commerce de fruits fort étendu, et avait acquis une fortune qui lui permit de faire bien élever ses enfants. Sa mère était née à Munich ; elle eut le bon esprit de ne