Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE XIX

Immenses préparatifs sur la côte. — Je suis nommé aide de camp d’Augereau.

Mais revenons à Versailles. Pendant que j’y suivais les cours de l’école de cavalerie, de grands événements se préparaient en Europe. La jalousie de l’Angleterre, excitée par la prospérité de la France, l’ayant portée à rompre la paix d’Amiens, les hostilités recommencèrent ; et le premier Consul résolut de les pousser vivement, en conduisant une armée sur le sol de la Grande-Bretagne, opération hardie, très difficile, mais cependant pas impossible. Pour la mettre à exécution, Napoléon, qui venait de s’emparer du Hanovre, patrimoine particulier de l’Angleterre, forma sur les côtes de la mer du Nord et de la Manche plusieurs corps d’armée. Il fit construire et réunit à Boulogne, ainsi que dans les ports voisins, une immense quantité de péniches et bateaux plats, sur lesquels il comptait embarquer ses troupes.

Tout ce qui était militaire se mettant en mouvement pour cette guerre, je regrettais de ne pas y participer, et je comprenais combien la reprise des hostilités allait rendre ma position fausse : car, destiné à aller porter dans mon régiment l’instruction que j’avais acquise à l’école de cavalerie, je me voyais condamné à passer plusieurs années dans un dépôt, la cravache à la main, et faisant trotter les recrues sur de vieux chevaux, pendant que mes camarades feraient la guerre à la tête des