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CHAPITRE XII

Épisodes du siège. — Capture de trois mille Autrichiens. — Leur horrible fin sur les pontons. — Attaques constantes par terre et par mer.

Je ne puis parler que très succinctement des opérations du siège ou blocus que nous soutenions. Les fortifications de Gênes ne consistaient, à cette époque, du côté de la terre, qu’en une simple muraille flanquée de tours ; mais ce qui rendait la place très susceptible d’une bonne défense, c’est qu’elle est entourée, à peu de distance, par des montagnes dont les sommets et les flancs sont garnis de forts et de redoutes. Les Autrichiens attaquaient constamment ces positions ; dès qu’ils en enlevaient une, nous marchions pour la reprendre, et le lendemain ils cherchaient encore à s’en emparer ; s’ils y parvenaient, nous allions les en chasser derechef. Enfin, c’était une navette continuelle, avec des chances différentes, mais, en résultat, nous finissions par rester maîtres du terrain. Ces combats étaient souvent très vifs. Dans l’un d’eux, le général Soult, qui était le bras droit de Masséna, gravissait à la tête de ses colonnes le Monte-Corona, pour reprendre le fort de ce nom que nous avions perdu la veille, lorsqu’une balle lui brisa le genou au moment où les ennemis, infiniment plus nombreux que nous, descendaient en courant du haut de la montagne. Il était impossible que le peu de troupes que nous avions sur ce point pût résister à une telle avalanche. Il