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C’est dans les termes suivants qu’il faisait remonter jusqu’au souverain ce beau titre de gloire de transformateur de Paris : « Ce rêveur ne fut pas seulement l’auteur des plans que j’ai réalisés, il resta l’appui fidèle de l’agent d’exécution que son choix était allé chercher, parmi tous les préfets de France, pour en faire l’interprète de sa pensée, je n’ose dire son « second » à Paris. »

L’idée originelle de la transformation de Paris appartient donc à Napoléon III. Une de ses premières préoccupations fut de donner à Paris tout ce qu’il avait vu de bon et de beau pendant ses séjours dans les villes étrangères, et particulièrement à Londres. Pour arriver à ce résultat il lui fallait trouver un homme. La tâche n’est pas toujours facile ; les nécessités de la politique, les concessions à faire, les considérations d’ordres divers et souvent bien contradictoires, viennent restreindre le champ des recherches, et ôter parfois à ceux qui sont à la tête du Gouvernement la pleine liberté de leurs choix.

Dès le premier jour de son entrée en fonctions, M. Haussmann se mit au travail et étudia les ressources et les besoins de la Ville de Paris. Voici quelle était la situation : La Ville de Paris avait un budget d’environ cinquante millions pour subvenir à ses dépenses ordinaires et extraordinaires. Or, il était évident, à première vue, que pour réaliser les grands travaux de voirie, d’assainissement et d’embellissement nécessaires, il fallait compter sur un certain nombre de milliards. Comment se les procurer ? L’Empereur ne voulait point d’impôts nouveaux qui rendissent ses projets impopulaires aux Parisiens, et c’était là une condition que M. Haussmann devait tout d’abord accepter.

Le nouveau préfet eut alors cette idée qui semble bien simple aujourd’hui que l’expérience en a démontré la justesse, mais qui était à ce moment toute nouvelle et très audacieuse : que la prospérité résultant des grands travaux projetés devait faire naître par elle-même des ressources suffisantes pour assurer l’amortissement des dépenses engagées pour ces travaux. Cette idée ayant été