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y tient et qu’il a toujours eu dans l’estime des gens éclairés.

Du reste, le nouveau monument devait me fournir l’objectif dont j’avais besoin pour la perspective du Boulevard de Sébastopol.

À mon grand regret, j’avais dû faire percer cette longue voie, coupant transversalement, de part en part, tout le vieux Paris, dans la direction inflexible qui m’était imposée par celle du Boulevard de Strasbourg, ouvert, sinon terminé, sous l’administration de mon prédécesseur, dans l’axe de la Gare du Chemin de Fer de l’Est.

En effet, je n’ai jamais arrêté le tracé d’une voie quelconque, et à plus forte raison d’une artère principale de Paris, sans me préoccuper du point de vue qu’on pouvait lui donner. Or, l’examen du plan de Paris m’avait fait constater que M. Berger aurait pu donner une très faible déviation du tracé du Boulevard de Strasbourg, déviation qui n’eût produit qu’un écart de quelques mètres à son arrivée sur la Place du Châtelet. On aurait eu, de cette façon, le Dôme de la Sorbonne pour objectif. Obligé d’y renoncer, je recommandai tout particulièrement à M. Bailly de ménager, dans son projet de Palais de la Justise commerciale, un motif principal, se détachant nettement de la masse de ses constructions, qu’il planterait en regard de la Gare de l’Est, dans l’axe du Boulevard de Sébastopol. Voilà pourquoi le grand escalier monumental du Tribunal de commerce est couronné d’un Dôme, auquel, dans l’exécution, je me suis efforcé de faire donner la base la plus large possible.