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aucune valeur artistique. Sauf le porche de l’Église, au sujet duquel je formulai quelque réserve, je tombai d’accord, en principe, avec le Ministre. Néanmoins, je lui montrai la plus grande répugnance à porter la main sur un monument que me semblaient devoir protéger son antiquité même et, aussi, des souvenirs historiques.

« Je n’ai pas plus que vous, lui disais-je, le culte des vieilles pierres, lorsqu’elles ne sont pas animées d’un souffle artistique ; mais Saint-Germain-l’Auxerrois rappelle une date que j’exècre, comme protestant, et que par cela même je ne me sens pas libre d’effacer du sol parisien, comme Préfet. — Mais, moi aussi, je suis protestant ! interrompit le Ministre. — Ah ?… » — Je me retins à temps d’ajouter que je le croyais israélite, comme tous les siens, et que personne ne se doutait de ce qu’il venait de me déclarer.

En parenthèse :

Une grande artiste, qui pensait avoir à se plaindre de lui, me demandait même plaisamment, à l’époque où l’Empereur créa quelques Ducs, si M. Fould n’allait pas être nommé « Duc de Villejuif ! »

Donc, je fis bonne contenance, et, sans broncher, continuant ma discussion, je dis au ministre : « C’est bien pis alors ! Nous voilà deux protestants, et nous comploterions ensemble la démolition de Saint-Germain-l’Auxerrois ? Mais, personne au monde ne voudrait y voir autre chose qu’une revanche de la Saint-Barthélemy ! »

M. Fould reconnut que j’étais dans le vrai.


C’est à la suite de cet entretien que je cherchai, non