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fléchi que celui de l’Avenue de l’Impératrice, n’en reposait pas moins sur une conception difficile à réaliser.

Il s’agissait de donner un pendant, sur la nouvelle Place du Louvre, à l’Église Saint-Germain-l’Auxerrois, malencontreusement posée de travers sur un des côtés, et de sauver cette irrégularité, en la reproduisant sur l’autre, de parti pris. J’avais demandé à l’architecte d’équilibrer la masse de la vieille église par une masse équivalente. Voulant faire mieux, il essaya de reproduire la silhouette de l’Église, dans l’élévation de la Mairie. — C’était l’exagération de ma pensée : l’association, justement pondérée, des actes de l’État Civil et des Cérémonies religieuses qui les consacraient. — J’eus le tort, que je confesse, de ne pas le retenir à temps, comme à Saint-Vincent-de-Paul. Il en résulta ce qu’on voit : un pastiche, en style moderne, du gothique bâtard de l’Église.

Après le dégagement des abords du Louvre, la démolition des bicoques immondes qui déshonoraient le voisinage de la célèbre colonnade avait laissé libre, en face, un vaste espace où se perdait le relief mesquin de la pauvre église, dont la bizarre construction paraissait être un défi jeté par elle au Grand Voyer de Paris. M. Fould, ministre d’État et de la maison de l’Empereur, qui avait dans ses attributions les Bâtiments civils et les Beaux-Arts, les Palais Impériaux et les Musées, m’avait mandé pour me proposer carrément de faire place nette, en démolissant Saint-Germain-l’Auxerrois : cette paroisse presque tout entière venait de disparaître sous le marteau des démolisseurs, et n’était protégée, d’ailleurs, disait-il, par