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désire ? 40 mètres !… Mais, Monsieur, c’est le double, c’est le triple qu’il nous faut. Oui, je dis bien : le triple : 120 mètres  ! — Ajoutez à votre plan deux pelouses quatre fois plus larges que vos contre-allées, c’est-à-dire de 32 mètres chaque, — Je tâcherai que l’Empereur me permette de les faire planter de distance en distance de groupes d’arbres de toutes essences pour en faire une sorte d’Arboretum. — Et au delà des pelouses projetées, deux voies de 8 mètres chacune pour desservir les propriétés riveraines que je grèverai d’une servitude non ædificandi, sur une profondeur de 10 mètres, qui devra être décorée de parterres, clos, sur l’avenue et entre eux, par des grilles. — Nous aurons, de cette manière, 400 mètres d’espace entre les habitations, des deux bords — 100 mètres de plus que dans votre projet actuel ! — Ainsi complété, celui-ci pourra, j’espère, être approuvé par Sa Majesté ! »

L’Avenue du Bois-de-Boulogne est exactement conforme au programme que je venais d’improviser dans un mouvement de vivacité causé par le caractère étriqué, banal, du projet de M. Hittorff.

Celui-ci ne pouvait pas se persuader que ce programme fût sérieux. Mais, je lui prouvai le contraire en lui disant : « Veuillez ne pas oublier de joindre, comme annexe, à vos plans rectifiés selon mes données, le dessin de la grille dont les terrains en bordure, frappés de servitudes, devront être clos sur l’avenue et séparés entre eux. Vous saurez, avec votre goût parfait, trouver un modèle simple, mais approprié à l’ampleur de la voie nouvelle. »

Alors, il se retira, tout ahuri.