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plurent jamais. Jusqu’à l’époque où leur croissance avancée en fit comprendre toute la valeur, il m’accabla de sarcasmes au sujet de l’aspect chétif des 300,000 pieds d’arbres et d’arbustes employés là.

Lors de l’ouverture de l’Avenue de l’Impératrice (aujourd’hui l’Avenue du Bois-de-Boulogne), l’Empereur ne se borna pas à m’interdire de planter les contre-allées. Je devais laisser absolument découvertes les pelouses latérales, et je n’obtins qu’à grand’peine, après bien des instances, l’autorisation de semer d’arbres isolés ou groupés en massifs la moitié de ces tapis de verdure et la plus éloignée de la voie centrale.


C’était encore M. Hittorff que Sa Majesté avait chargé, comme Architecte du Bois de Boulogne et des Champs-Élysées, avant l’organisation du service des Promenades et Plantations, de dresser le projet de cette Avenue, destinée à rapprocher de Paris, pour ainsi dire, l’entrée du Bois.

Or, M. Hittorff crut faire merveille en me proposant une avenue de 40 mètres de largeur, — les grands Boulevards de Paris n’en ayant que 34, en moyenne, — avenue composée d’une chaussée carrossable de 16 mètres et de deux contre-allées de 8 mètres chaque : l’une, réservée aux cavaliers ; l’autre, aux piétons. Naturellement, il comptait planter celles-ci de doubles rangées d’arbres à haute tige pour ombrager les promeneurs.

« Pas d’arbres ! » m’écriai-je, tout d’abord, à sa grande stupéfaction. « L’Empereur n’en veut pas ! Et puis, croyez-vous, Monsieur, que Sa Majesté puisse se contenter de votre boulevard de 40 mètres ? Est-ce donc là ce prolongement du Bois vers Paris qu’Elle