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voilés de petits globes laiteux simulant des perles, dont j’ai doté la place et la grande Avenue.

Tout bec de gaz, trop haut placé, projette sa lumière au loin, mais n’éclaire pas bien son voisinage immédiat. Or, c’est le résultat contraire qu’il faut poursuivre.

Plus un candélabre est élevé, plus est étendue la portion du sol que sa lumière laisse dans l’obscurité à son pied même. On ne pourrait éclairer cette pénombre qu’au moyen d’un réflecteur débordant la lanterne ; mais cet expédient, essayé sous mon administration, n’a pas été reconnu pratique. En réduisant tout à la fois la hauteur des candélabres et la distance qui les sépare, et en diminuant l’intensité de la combustion de chaque bec, pour ne pas consommer plus de gaz, en somme, on est parvenu à mieux répartir l’éclairage de la voie publique.

C’est tourner le dos à la solution du problème que de concentrer la lumière dans des foyers puissants fort éloignés nécessairement les uns des autres, qui éblouissent les gens plus qu’ils ne les éclairent et dont les effets diminuent, on le sait, comme le carré des distances.

Voilà pourquoi je jugeai peu propres à l’éclairage public, dans le temps, le gaz oxhydrique, et plus récemment, la lumière électrique, difficilement divisible, du système Jablochkoff. La lampe Edison et ses congénères, dont on peut multiplier les becs à l’infini, me paraissent y convenir mieux. Dans tous les systèmes, les foyers intenses et les candélabres à plusieurs becs ne doivent pas être employés — hormis l’usage décoratif qu’on en peut faire, — en bordure des grands