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Grand Maréchal du Palais, qui était plein d’esprit, m’appuyait à sa façon, en disant de l’Obélisque : « J’y tiens comme Ingénieur. Il me sert de mire quand je veux m’assurer que l’Arc de Triomphe est bien dans l’axe des Tuileries. »

Ce sont les parterres que, finalement, l’Empereur condamna.

Je les fis combler, à mon grand regret. On ouvrit, à travers les emplacements qu’ils détenaient, quatre voies diagonales allant des angles au centre de la place et passant entre les statues. Le surplus fut ajouté aux aires bitumées destinées aux piétons, et le tout fut éclairé, a giorno, tous les soirs, par d’innombrables candélabres.

Si l’aspect général de la Place n’a pas gagné — de bien s’en faut — à ces changements, l’Empereur atteignit son but : aucun encombrement ne s’y produisit désormais, les jours de fête ou de grande affluence des promeneurs.

Je refusai obstinément, par exemple, d’admettre, sans modification, le maintien du type des candélabres dont M. Hittorff avait bordé précédemment la grande Avenue des Champs-Élysées aussi bien que les trottoirs de la Place, et qui étaient juchés sur des soubassements en fonte, espèces de bornes disgracieuses d’où ils s’élançaient dans les airs ou dans le feuillage des arbres. Je fis détrôner ces lampadaires. Après enlèvement de leurs supports malencontreux, on les posa purement et simplement sur des socles en maçonnerie à ras de sol, et chacun peut voir qu’ils sont encore bien assez hauts pour remplir leur office et pour soutenir, les jours d’illumination, les guirlandes de becs de gaz