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En 1854, il fut encore choisi par Sa Majesté pour modifier l’ordonnance de la Place de la Concorde, où, déjà, sous la Monarchie de Juillet, il avait fait exécuter des deux côtés de l’Obélisque central, dont le socle est de sa composition, les fontaines monumentales qui forment son chef-d’œuvre.

Gabriel, l’illustre architecte des bâtiments de l’ancien Garde-Meuble et du Ministère de la Marine, qui régla cette ordonnance et celle des Champs-Élysées, sous le règne de Louis XV et l’administration du Duc d’Antin, avait laissé libre le milieu de la Place et creusé aux quatre angles des parterres en sous-sol entourés de balustres et flanqués d’édicules servant de socles aux statues des grandes villes de France. C’était d’un effet à la fois pittoresque et monumental. Mais, depuis que l’Obélisque et ses fontaines occupaient la meilleure partie du vaste espace réservé par Gabriel à la circulation, les parterres bas faisaient obstacle à l’écoulement des foules rentrant des Champs-Élysées après les feux d’artifice le soir des fêtes publiques. Lors du mariage du Duc d’Orléans, l’un d’eux avait même été le théâtre d’accidents graves.

Il fallait opter entre le maintien de ces massifs, et celui de l’Obélisque et de ses fontaines jumelles.

L’Obélisque, masquant la ligne de vue des Tuileries à l’Arc de Triomphe de l’Étoile, fut menacé un moment. J’avoue que mon avis était de revenir à la conception grandiose et simple de Gabriel, sauf à utiliser les fontaines et à transporter l’Obélisque sur un autre emplacement facile à trouver.

Le Maréchal Vaillant, ancien officier du Génie,