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notonie de la pierre par des teintes plates diverses, a, selon moi, le grand tort de cacher aussi la beauté simple et noble des matériaux de taille employés dans la construction. Et quand on agrémente cet enduit d’ornements variés, qui me rappellent ces tatouages dont les peuples barbares couvrent leur nudité, en guise de vêtements, je ne puis m’empêcher de trouver grotesque ce mode prétentieux de décoration.

J’invitai donc M. Hittorff à modérer son emploi de la couleur, à Saint-Vincent-de-Paul. Je lui concédai les peintures, sur lave émaillée, du porche, dont l’enlèvement eut lieu, plus tard, sur la demande du Clergé de l’Église, choqué des nudités qu’elles offraient aux yeux. J’en fus quitte, à l’intérieur, pour quelques teintes discrètes, pour le badigeonnage des voûtes en bleu, semé d’étoiles d’or, et pour une forte commande d’œuvres d’art, afin de compenser la suppression des peintures grossières dont je ne voulais pas.

L’escalier monumental avec rampes carrossables, donnant accès à Saint-Vincent-de-Paul, du côté de la rue Lafayette, qu’on trouvait déjà hors de proportions avec cette Église, dut être remanié sous la direction de M. Baltard et encore agrandi, lorsque je fis abaisser, au devant, le sol de cette rue, pour adoucir un peu la montée, du Faubourg Poissonnière au Boulevard de Denain.

M. Hittorff, à qui l’on devait, indépendamment du Cirque, le panorama, les fontaines et la plupart des édicules des Champs-Élysées, avait été désigné par l’Empereur pour diriger les travaux de sa compétence au Bois de Boulogne, en même temps que M. Varé s’était vu chargé d’une entreprise dépassant de beaucoup la sienne.