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Originaire des Provinces Rhénanes, il avait l’apparence et l’accent germaniques. Ceux qui ne l’aimaient pas, et ils étaient nombreux, à cause de sa nature peu commode, le nommaient : « le Prussien ».

Il avait rapporté, d’un voyage d’études en Grèce, des documents curieux sur les enduits colorés et les peintures décoratives des monuments antiques, et publié, en 1851, sous le titre de Restitution du Temple d’Empédocle, à Sélimonte, un véritable et très intéressant traité de l’architecture polychrome chez les Grecs, dont on voit des spécimens dans les cirques des Champs-Élysées et du Boulevard des Filles-du-Calvaire, construits par lui.

En 1853, il achevait l’Église Saint-Vincent-de-Paul, commencée depuis dix ans, et il se proposait d’y faire une application plus importante de ce système de décoration monumentale ; mais, à ce sujet, il eut maille à partir avec moi.

Autant j’approuvais l’emploi de la mosaïque, de la fresque ou de la peinture à l’huile sur toiles marouflées, pour décorer les murs des églises, en y représentant des sujets religieux pouvant contribuer à l’édification des fidèles, autant je trouvais indigne de la majesté de ces monuments les badigeonnages dont on barbouille nombre d’églises en Italie et ailleurs, pour simuler des tentures ou des tapisseries dont elles ne peuvent se donner le luxe.

Grec, Italien ou Français, l’enduit coloré non de la surface des murs, mais encore des fûts, cannelures et chapiteaux de colonnes, des plinthes, corniches, moulures des frises, et voussures des voûtes, dont le but est de remplacer la froideur et la mo-