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restauration des églises Saint-Germain-des-Prés et Saint-Séverin, devenait, dès qu’il pouvait s’affranchir des sujétions d’école, un dessinateur fantaisiste, au crayon facile, souple, élégant, un décorateur plein d’imagination et de goût, en un mot, un tout autre homme.

Ce fonctionnaire « malgré lui » que la jalousie de son indépendance d’artiste rendait peu maniable, dont les rapports avec ses subordonnés se ressentaient trop du légitime sentiment qu’il avait de son importance, de sa valeur, semblait cependant gêné, quand il s’agissait de faire acte d’autorité vis-à-vis d’eux, comme par un juste retour contre lui-même de ses propres théories sur l’indépendance due aux « interprètes de l’art » !

Mais ce Directeur, si désagréable en somme, devenait, dans la vie privée, un homme du monde d’excellentes façons, d’un commerce aimable, d’une conversation intéressante et spirituelle.

C’était, en effet, un homme d’esprit plus que de cœur. Son caractère entier, très personnel au fond, sous des formes irréprochables, se prêtait mal aux abandons sympathiques, aux élans généreux, aux dévouements désintéressés.

M. HITTORF

Après M. Baltard, ce fut M. Hittorff, membre de l’Institut, un des architectes les plus renommés du règne du Roi Louis-Philippe, que M. Lesueur me présenta. M. Hittorff était un artiste doublé d’un savant.