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Respectueux des convictions sincères, je ne tins pas rigueur à M. Baltard de sa défection inattendue. Je n’hésitai donc pas, quand il m’en pria peu après, à demander au Conseil Municipal de subventionner la publication d’une monographie des Halles Centrales qu’il voulait faire avec un certain luxe.

Il m’offrit un exemplaire de son œuvre, relié avec recherche, et je me contentai de sourire quand je vis qu’elle ne m’était pas dédiée, comme je le supposais avec quelque raison ; mais j’éprouvai un étonnement pénible, au contraire, de n’y rien trouver qui reportât l’honneur de la conception première du projet à l’Empereur.

C’était plus que de l’ingratitude. Le seul énoncé de cette sorte de collaboration auguste eût donné un intérêt extrême à l’ouvrage. Mais, je suis assuré que, dans la sérénité de sa propre estime, M. Baltard n’avait pas même conscience de la part revenant au crayonnage impérial, que je lui avais traduit. Il ne s’était jamais rendu bien compte de ce que j’avais fait pour lui le jour où je l’avais pris pour interprète des idées personnelles du Souverain.


J’ajoute, avec regret, qu’ayant eu recours, plus tard, à ses conseils, au sujet de travaux de reconstruction que j’étais obligé d’entreprendre, d’abord, dans des propriétés que nous possédions, depuis longtemps déjà, ma femme et moi, dans le département de Lot-et-Garonne. Plus tard, dans celles dont Mme  la Baronne Haussmann avait hérité de ses parents, en Gironde, je n’eus pas à me féliciter d’avoir accepté avec empressement l’offre obligeante que m’avait faite M. Baltard d’en diri-