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effet. De plus, à ma grande satisfaction, il avait trouvé le moyen de se passer des tirants dont abusent les ingénieurs, pour neutraliser la poussée de leurs charpentes, et cette supériorité incontestable de son œuvre sur les leurs dut le consoler de s’être vu imposer comme type de ces Halles Centrales de Paris, qu’il avait comprises tout autrement, le « parapluie » d’une gare de chemin de fer !


Je ne suis pas bien sûr que l’immense succès de ce parti pris, ne l’étonna pas, tout d’abord ; mais, il s’y fit aisément, et son arrivée à l’Institut, qui en fut la conséquence, acheva de le convertir à l’emploi du fer dans les monuments publics. Ainsi, chargé par moi, en 1862, de construire l’Église Saint-Augustin, dont l’emplacement était trop peu large, il est vrai, pour qu’on pût y établir des contreforts, il me proposa spontanément de soutenir, au moyen d’une ossature en fer, la charpente de la voûte de la nef et de celle du dôme, toujours en fer, qu’il projetait ; par ce moyen, les murs en pierre du monument, réduits au rôle de simples murs d’enceinte, n’eussent pas besoin d’être appuyés.

Je consentis d’autant plus volontiers à cet essai, très hardi, sur un point de Paris fort en vue, que le procédé qu’il s’agissait d’expérimenter pouvait me permettre de faire donner la plus grande capacité intérieure possible aux nouvelles églises que j’aurais encore à construire sur des terrains forcément exigus.


Avant Saint-Augustin, dont la dépense, malgré l’emploi du fer, s’est élevée à près de 6 millions, tout