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il s’agissait, afin de lui permettre d’en bien examiner toutes les dispositions, et de se prononcer en parfaite connaissance de cause.

L’Empereur reconnut que c’était une sage précaution, parapha simplement l’avant-projet dont il ne pensa pas fort heureusement à me demander l’auteur.


Ce fut seulement quatre mois plus tard que je pus lui montrer, dans une salle haute de l’Hôtel de Ville, un relief des deux groupes de pavillons projetés, et de tout ce qui les environnerait, monuments et maisons, trottoirs et candélabres, exécuté avec une observation scrupuleuse des proportions de chaque chose, et offrant même le spectacle de l’animation des rues, afin que l’on pût juger de la grandeur de l’édifice par la petitesse des voitures et des piétons.

C’est, je crois, le premier exemple d’un procédé fort employé depuis lors.

L’Empereur en fut tellement ravi qu’après lui avoir présenté M. Baltard, qu’il complimenta fort, j’obtins qu’il décorât sur place ce serviteur, déjà ancien, de la Ville.

Il prit la croix de l’officier d’ordonnance qui faisait partie de sa suite, et la remit à l’Architecte que, sans le savoir encore, il relevait ainsi d’une terrible chute.

C’est seulement en descendant, pour retrouver sa voiture, que Sa Majesté me demanda quels travaux avait faits jusqu’alors un artiste d’un tel talent. Je fus bien obligé de convenir que c’était l’auteur du projet abandonné. Voyant son visage se rembrunir, je me hâtai d’ajouter en souriant : « C’est le même architecte ; mais ce n’est pas le même Préfet » ; voulant, par cette