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portance au-dessous du devis accepté par l’Administration, et pour éviter la nécessité de travaux comportant des dépenses supplémentaires. En résumé, l’Architecture était pour tous une profession ; pour beaucoup, sans doute, un art ; mais pour aucun, ce n’était la fonction publique devenue aux yeux de celui qui en est vraiment digne : une sorte de Sacerdoce.


ÉTAT DES CHOSES EN 1853


De tout temps, j’avais été frappé de cette différence et je m’étais demandé pourquoi l’on ne créerait pas un corps d’architectes publics, recruté parmi les meilleurs élèves de l’École des Beaux-Arts, de ceux chez qui l’ambition de se vouer entièrement aux œuvres grandes et durables l’emporterait sur le désir de faire fortune dans la construction privée. De même qu’on a deux catégories d’Ingénieurs : les Ingénieurs de l’État et les Ingénieurs civils, on aurait ainsi deux catégories d’Architectes. Dans un pays où les sentiments élevés ont tant de puissance, on n’aurait pas à craindre de manquer de candidats. Il en serait comme pour toutes les écoles qui ouvrent l’entrée de certaines carrières publiques.

Plus tard, je réalisai partiellement mon idée en organisant et réglementant un corps d’Architectes de la Ville, dont tout le temps appartenait au service, hors des cas exceptionnels dont le Préfet restait juge. Mais ce service ne me survécut pas, et, je le dis à regret, quelques-uns des architectes d’élite dont je m’étais efforcé de le composer, ne furent pas des derniers à