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existence retirée, à son entier désintéressement des choses extérieures, à sa négligence des relations personnelles considérables que sa situation officielle lui permettait de s’assurer. Quoi qu’il en soit, mon devoir est de faire, pour M. Deschamps, ce qu’il n’a pas su faire lui-même : sauver de l’oubli ce nom demeuré beaucoup trop obscur, en reconnaissant ici le droit qu’il a de figurer parmi ceux de mes plus utiles collaborateurs.

M. Deschamps était né dans une condition peu fortunée ; son éducation, dirigée surtout vers la profession technique à laquelle, tout jeune, il se destinait, ne l’avait point préparé suffisamment à devenir, plus tard, un homme du monde. Élève de l’École des Beaux-Arts, il avait conservé le singulier dédain que trop de nos jeunes artistes, se consacrant au culte de la forme, semblent avoir pour elle dans leur tenue, dans leurs manières et dans leur façon de vivre ; dédain que la plupart d’eux perdent heureusement, une fois qu’un talent reconnu, couronné par le succès, leur a ouvert toutes les portes.

Architecte, je ne doute pas qu’après un stage convenable il ne se fût promptement fait distinguer par son savoir et par son goût, ainsi que nombre de ses anciens camarades que j’ai vus parvenir aux positions les plus en vue, s’il eût été, comme eux, placé, dès ses débuts à la Ville, dans le Service des Travaux ; mais il entra dans celui des Architectes-Voyers, où la géométrie et le dessin graphique jouent un rôle plus important que l’architecture proprement dite. Il faut y connaître à fond, sans doute, les lois de la construction, la valeur