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monument digne de lui, que le baron Haussmann est mort, le 11 janvier 1891, debout et le cœur ferme, comme il le demandait dans ces paroles magnifiques par lesquelles il terminait en septembre 1889 la préface de ses Mémoires. « Que la mort me frappe debout, ainsi que tant d’hommes de la forte génération à laquelle j’appartiens, c’est ma seule ambition désormais. Je sortirai dans tous les cas de ce monde, sinon la tête haute comme jadis dans ma vie publique, du moins le cœur ferme : et quant aux choses du ciel, plein d’espérance en la miséricordieuse justice du Très Haut. »


Tout est juste dans ces appréciations, un seul mot excepté. Selon M. Alphand, le baron Haussmann dut sacrifier son repos et ses goûts à un labeur ingrat pour lequel il n’avait aucune aptitude particulière et qui aurait assombri ses derniers jours !

Ceux qui ont connu intimement l’ancien Préfet de la Seine pendant les vingt dernières années de sa vie ne peuvent s’empêcher de protester contre ce jugement excessif. Le Baron, obligé de travailler pour vivre, prit au contraire un goût très vif à ses nouveaux travaux.

L’histoire devra dire qu’après avoir, au lendemain d’une époque de troubles, transformé, assaini, embelli la plus noble ville du monde, malgré les jalousies, les hostilités même d’une partie de l’entourage du prince, malgré l’effort de toutes les oppositions coalisées, qu’après s’être vu sacrifié à d’injustes préventions, jeté en victime expiatoire au monstre populaire que rien ne rassasie ; qu’après s’être fait admirer par la grandeur de ses conceptions, par une magnificence généreuse