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pas, au contraire, des documents sérieux, exprimant des faits, surprenants peut-être, mais aussi réels que les travaux dont ils résumaient les dépenses fécondes.

En fait de Comptes, le plus invraisemblable serait encore celui des efforts de travail, de persévérance et de résignation, auxquels sont dues les œuvres qui sembleraient être, d’après le tableau saisissant qu’en a fait M. Jules Simon, le produit d’une baguette magique. Hélas ! je n’avais rien de semblable à ma disposition, et l’on verra combien j’avais raison d’écrire dans mon Rapport à l’Empereur, du 20 mai 1868, sur la Situation Financière de la Ville de Paris :

«Ce n’est pas une des moindres difficultés de la tâche de l’Administration Municipale de Paris, que la lutte à soutenir, pour chaque nouveau travail, contre l’Opinion, momentanément égarée par une critique implacable, tandis qu’elle aurait besoin de tout son temps et de toute sa liberté d’esprit pour mener ce travail à bien. Et, cette difficulté, il ne lui en sera même pas tenu compte ; car, l’avenir ne saurait la soupçonner !

« S’il est une œuvre devant laquelle toutes les passions politiques devraient faire silence ; vers laquelle une pensée patriotique devrait diriger tous les bons vouloirs, c’est assurément l’entreprise immense qui fera de Paris une Capitale digne de la France, j’ai presque dit du Monde civilisé… »

Je complétais ma pensée, dans un discours au Sénat, prononcé le 6 juin 1861, dont j’extrais ce passage :