Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sus qu’assez longtemps après, — auraient pu très mal finir, me conduisirent dans l’Ardèche.

La première fois, une affaire grave appelait dans la ville d’Annonay M. Dumolin ; il me proposa de faire avec lui cette course, à cheval, par la montagne. L’idée me séduisit, de voir un pays nouveau, comme aussi, de comparer les procédés de fabrication du papier d’Annonay, avec ceux que j’avais vus employés à Angoulême.

Nous franchîmes le col de Saint-Bonnet-le-Froid, la plus haute commune du canton de Montfaucon. — Ses habitants vivent, me dit-on, sous la neige, pendant plusieurs mois, chaque hiver, et communiquent entre eux par des galeries ouvertes à travers cet épais linceul. Il paraît que nombre d autres villages se trouvent dans le même cas.

Notre voyage, aller et retour, par la vallée de la Cance, petite rivière, qui se jette dans le Rhône au-dessous d’Annonay, se fit sans le moindre incident.

La seconde fois, il s’agissait de gagner, dans une autre direction et bien plus loin, Aubenas, la ville la plus importante de l’Ardèche, quoique simple chef-lieu de canton de l’arrondissement de Privas, et ce fut encore M. Dumolin qui m’y décida.

Il nous fallut passer, non plus à Saint-Bonnet-le-Froid, mais à Tence. Nous chevauchâmes, par monts et par vaux, jusqu’à notre couchée : Sainte-Agrève. Le lendemain, après avoir traversé Le Cheylard, autre chef-lieu de canton de l’arrondissement de Tournon, et franchi la chaîne du Coiron, au-dessus de Mézilhac, nous descendîmes, en suivant le cours de la Volaine, par Antrai-