Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Lignon descend du revers septentrional du Mézenc, comme je l’indique plus haut. C’est un cours d’eau de quelque importance, qui doit une certaine renommée aux poésies du marquis d’Urfé. Il traverse Fay-le-Froid, arrose le canton de Tence, puis, une partie de celui de Montfaucon ; il y reçoit la Dunière, autre joli cours d’eau baignant de gracieux vallons, et se jette dans la Loire, après le passage de la route nationale d’Yssingeaux à Monistrol, au lieu dit : le Pont du Lignon. Quelque temps avant mon arrivée, une lutte sanglante, suivie de mort d’hommes, s’était engagée là, entre des bandits attaquant une diligence chargée d’un envoi d’argent considérable, et les gendarmes qui l’occupaient, à l’insu de ces malfaiteurs.

Si l’on ne voit pas, à beaucoup près, sur ses rives, les bergers et bergères de Watteau qu’a chantés le marquis d’Urfé, le Lignon n’en reste pas moins une charmante rivière. Je me rappelle une partie de pêche des mieux réussies, grâce à la faveur d’un temps splendide, faite, justement au-dessus du Pont du Lignon, avec l’élite de la belle société d’Yssingeaux, où nous mangeâmes, dans le joyeux dîner sur l’herbe qui suivit, des truites et des ombres chevaliers, d’autant plus délicieux que nous étions censés les avoir pris nous-mêmes.

EXCURSIONS.

Je crois superflu de dire que je m’empressai, dès que cela me fut possible, d’aller visiter Saint-Étienne, ses manufactures d’armes, ses charbonnages, et son chemin de fer à traction de chevaux, encore dans sa nouveauté ! D’autres excursions moins faciles, et qui, — je ne le