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tant le val du Lignon, dont la source jaillit au pied de ce mont, d’une ascension facile. En effet, la cime n’en dépasse pas 1,800 mètres d’altitude. Néanmoins, on a, de son sommet, une vue splendide. On embrasse tous les massifs montagneux du centre de la France. De plus, on aperçoit distinctement les Alpes, à l’est, et même on s’étonne de s’en trouver relativement si rapproché. Dans le sud-ouest, à bien plus grande distance, on me fit discerner une ligne bleue ondulée, qu’on me dit être l’extrémité de la chaîne des Pyrénées orientales. Je me gardai bien d’y contredire, trop heureux de pouvoir me flatter d’avoir vu, d’un même point, dans la même minute, le mont Blanc et le Canigou.

Je ne m’y laissai pas attarder, curieux d’explorer, bien p lus au midi, sur le sol de l’Ardèche, la source principale de la Loire, qui sort d une montagne un peu moins élevée, dite le Gerbier-de-Joncs. Or, cela nécessitait un très long détour.

Le fleuve naissant coule, d’abord, au sud ; mais, bientôt, il prend son cours vers le nord, et il entre dans l’arrondissement du Puy, près du Monastier, en se grossissant de nombreux ruisseaux, dont les plus considérables descendent du Mézenc. Il passe près du Puy, et pénètre, avant Retournac, dans l’arrondissement d’Yssingeaux, pour le quitter au-dessous d’Aurec, vers Saint-Rambert (Loire). J’ai dit que c’est à Retournac qu’il commence à porter bateaux.

Nous dînâmes en hâte, le soleil baissant, près de la source de la Loire et de la ferme du même nom, de quelques victuailles que mes compagnons tenaient en réserve, et je rentrai fort tard, pour souper, à Saint-Voy-de-Bonas, où je couchai.