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banquier à Paris, originaire de Tence, et déjà membre du Conseil Général de la Haute-Loire, le remplaça. Mais, dès 1831, la Loi Municipale permit au parti libéral d’arriver aux affaires dans les conseils communaux.

On sait que cette loi créait, dans toute commune, un corps d’électeurs municipaux en nombre proportionnel à celui de la population, composé des plus imposés, pris suivant l’ordre décroissant des contributions. Dans les pays pauvres, le cens descendait très bas.

Le Gouvernement pouvait donc nommer, presque par-tout, des Maires et Adjoints de son bord. C’est ainsi qu’Yssingeaux, notamment, avait pour Maire, au lieu de M. le comte de Choumouroux, le châtelain local, à qui cette ville semblait inféodée, un avoué, M. Bonnet, membre du Conseil Général du département, et deux Adjoints d’opinions libérales, comme lui.

Naturellement, je concentrai mes relations habituelles dans le milieu bourgeois ; mais, ce que j’eus l’occasion de voir de la société légitimiste, ne me laissa pas des regrets bien vifs de son éloignement pour les fonctionnaires de la Monarchie de Juillet.

Du reste, j’étais arrivé dans le pays en pleine belle saison, et je devais le quitter avant la mauvaise, où les relations de société sont plus nécessaires : je résolus donc de vivre en plein air le plus possible.

À cet effet, une fois installé, je fis achat d’une pouliche de quatre ans, de race limousine, née à Monistrol. Elle n’était qu’à peu près dressée ; mais elle avait le pied montagnard. Je m’en servais, non seulement, pour mes tournées ; mais encore, pour des excursions et promenades en tous sens, lorsque mes fonctions m’en laissaient la liberté.