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dans ce temps-là. Vingt ans plus tard, profitant de mes excellentes relations avec M. le comte de Persigny, Ministre de l’intérieur, je lui suggérai le décret de 1853, qui divisa les Sous-Préfectures en trois classes, augmenta le traitement de leurs titulaires, et mit à la charge des Départements le logement et l’ameublement des Sous-Préfets, comme des Préfets.

Mon prédécesseur commença par m’offrir très obligeamment l’hospitalité.

Je n’avais pas de loisirs à perdre en arrangements quelconques ; car il me fallait commencer, dès le lendemain matin (un vendredi), la tournée du Tirage au Sort de la classe de 1831.

D’ordinaire, le tirage se faisait dans la belle saison : il fut retardé, en 1832, par la mise à exécution de la nouvelle loi sur le Recrutement.

Je devais consacrer également, à cette inopportune tournée, toute la journée du samedi, et certes, je n’aurais pas trop de la journée du dimanche, pour recevoir les visites officielles des fonctionnaires du chef-lieu d’arrondissement et rendre les principales. Je déclarai donc à ce brave M. Daubin, que je prenais tout, à dire d’expert ; que je gardais ses employés ; que je lui donnerais, à mon tour, l’hospitalité, jusqu’à son départ pour « sa localité », et j’allai me coucher.

J’amenais de Poitiers, comme secrétaire amateur, un charmant garçon, fils de mon aimable propriétaire, M. Garreau, Conseiller à la Cour. Il venait de passer des examens pour entrer dans l’administration des Contributions Directes, et me fut d’une agréable compagnie pendant deux mois. Ensuite, il alla prendre le