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chef, prévenu de mon arrivée par un mot de moi lui demandant l’heure où je pourrais me présenter officiellement dans son cabinet.

Ancien Colonel de Cavalerie, Oflicier de la Légion d’Honneur ; attaché, je crois, vers la fin de sa carrière, au service de la Remonte ; devenu Préfet, je ne sais comment ; très affable, plein de bon vouloir ; mais n’entendant rien absolument à l’administration d’un département, il se nommait, — singulière coïncidence, — Du Puy ! Sa femme, qu’il avait épousée veuve et ornée d’une fille de dix-huit à vingt ans, était une excellente personne. La fille, ni grande ni petite, ni belle ni laide, avait un caractère aimable.

Le Préfet me reçut on ne peut mieux. Il m’invita, pour le jour même, à dîner.

Ma prestation de serment accomplie, j’allai présenter mes hommages à madame la Préfète ; puis, rendre ma visite officielle au Général Commandant de la Subdivision Militaire et à l’Évêque ; enfin, déposer des cartes chez les Conseillers de Préfecture, le Receveur Général et les Directeurs des principaux services.

Le soir, je vis à la Préfecture, réuni par le Préfet, à mon intention, presque tout le haut personnel administratif, et le lendemain, après avoir déjeuné, bien en famille, chez cet excellent homme, qui le voulut absolument, je partis pour Yssingeaux, dans un berlingot de louage.

Ce n’était pas une petite affaire de franchir l’épais massif de montagnes qui sépare le Puy de ce chef-lieu d’arrondissement, sis à 840 mètres au-dessus du niveau de la mer.