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Je quittai mes relations de Poitiers avec regret ; mais j’étais jeune, et la carrière de l’administration active s’ouvrait devant moi. J’obéis, sans trop d’effort, à l’ordre de rejoindre de suite mon nouveau poste.

Évidemment, si mes amis du Ministère n’avaient pas jugé prudent de m’assurer, sans retard, une Sous-Préfecture quelconque, sauf à m’en faire attribuer une plus importante, à l’occasion ; s’ils s’étaient sentis assez puissants pour attendre jusqu’à l’époque extrême de la suppression réelle des Secrétariats Généraux, c’est-à-dire jusqu’au 31 décembre 1832, pour me choisir alors un nouveau poste parmi les plus désirables, j’eusse prolongé très volontiers mon séjour dans une ville où je jouissais d’une excellente situation, à côté d’un Préfet de valeur, qui m’accordait estime et confiance ; d’amis agréables et des mieux posés ; bien vu de tout le monde ; accueilli dans tous les salons, et, par surcroît, admis dans l’intimité de familles charmantes.

Mais, il me fallait quitter tout cela dans l’intérêt, bien calculé, de mon avenir, et cette résolution prise, l’idée de voir du pays ne manquait pas de séductions pour un fonctionnaire de mon âge, pour un esprit toujours en éveil.