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dans le chef-lieu, ni dans le reste du département, plus heureux, sous ce rapport, que bien d’autres.

D’ailleurs, la majorité des électeurs (à 200 francs) était acquise au Gouvernement du Roi dans quatre arrondissements, sur cinq. Celui de Civray nommait le général Demarçay, lequel appartenait à la Gauche, mais n’en restait pas moins intéressé au maintien de l’ordre, par les grandes propriétés qu’il possédait près de Châtellerault. Voici les noms des autres députés : à Poitiers, M. Dupont-Minoret, riche banquier ; à Chàtellerault, M. Martineau, riche industriel ; à Loudun, M. Millon, avocat, et à Montmorillon, M. Junyen, maître de forges.

Je ne vis, au surplus, aucune élection générale dans la Vienne. Vers la fin de la session de 1832, la Chambre des Députés, qui s’occupait déjà d’économies, vota la suppression, au budget de 1833, du traitement des Secrétaires Généraux de Préfecture, à l’exception de ceux d’un petit nombre de grands départements. On s’empressa, dans les bureaux du Ministère de l’Intérieur, de me faire nommer à la première Sous-Préfecture venue, pour m’éviter la concurrence des nombreux Secrétaires Généraux qui se trouveraient sans places en fin d’année. Celle d’Yssingeaux (Haute-Loire) était disponible. Du jour au lendemain, du 14 au 15 juin, j’appris que j’étais Sous-Préfet de cet arrondissement, dont je connaissais à peine le nom, d’orthographe douteuse, semblait-il ; car, beaucoup de géographes écrivaient Issingeaux : et d’autres : Issengeaux.

Dans le pays, on m’en a donné cette étymologie patoise, que je ne garantis pas le moins du monde : « I cinq jaus (les cinq coqs !) »