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jusqu’alors au shako des élèves, ferait loucher quelques-uns de « ces pékins-là ». Personne, on le comprend, d’après ce qui précède, ne s’en montra choqué.

Mais, après la mort de Casimir Périer, le Préfet ne pouvait plus se promener, avec sa femme et ses enfants, à Blossac, les dimanches, sans que des étudiants le suivissent, pour débiter derrière lui des propos ou des refrains déplacés, et quand je les accompagnais, en causant avec mon amie, la cousine, je dus souvent faire tête à ces gamins, pour les rappeler au sentiment des convenances.

Une des chansons d’alors, dont je ne puis faire connaître l’auteur à la postérité, se terminait ainsi :

C’est la seringue
Qui vous distingue,
Partisans du Juste-Milieu.

Les émeutiers ne pouvaient pas prendre leur parti du mépris que le Maréchal de Lobau semblait avoir fait d’eux, en les douchant. Ils furent traités autrement rue Transnonnain, par le général Bugeaud.

MA NOMINATION COMME SOUS-PRÉFET.

La population de Poitiers, pour qui les étudiants en Droit et de Médecine étaient des consommateurs, voyait d’un œil indulgent l’agitation qu’ils causaient dans cette ville. Mais, au fond, la généralité des habitants était paisible, et sauf une révolte, bientôt réprimée, d’un faubourg, celui de Laqueille, peuplé de vignerons, contre la Régie des Contributions Indirectes, dont les bureaux furent saccagés et les registres jetés au vent, aucun désordre ne se manifesta, de mon temps du moins, ni