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Mais, je le confesse, j’ai l’horreur du Régime Parlementaire, qui met le Gouvernement dans une Assemblée mobile, imposant au choix d’un chef d’État nominal, des Ministres sans cesse renouvelés ; agitée par la compétition de partis se disputant le Pouvoir, afin d’en distribuer les faveurs, sinon l’exploitation, entre leurs affidés, au lieu de se montrer animée de la noble ambition de servir utilement la Patrie, sans autre intérêt que le développement de sa grandeur et de sa puissance.

J’ai commencé d’écrire ces « mémoires » qui, jusqu’à ces derniers temps, n’étaient pas destinés à la publicité, — de mon vivant, du moins, — sur l’insistance d’un ami de très bon conseil : M. Jules Lair, ancien élève de l’École des Chartes ; grand chercheur de la vérité historique inédite ; fouillant, pour la trouver, force manuscrits ignorés ou négligés ; lisant force vieux bouquins oubliés, qu’il tire de leur poussière ; curieux du revers des événements, où s’expliquent parfois, d’une manière inattendue, la conduite des hommes et la marche des choses ; auteur, lui-même, d’ouvrages remarquables, fruits de ses investigations intelligentes.

Il me fit comprendre que je devais aux miens, à mes amis, un résumé de ma vie publique, dont bien des phases étaient mal connues d’eux, et par dessus tout, un exposé de mon administration, si laborieuse, si combattue, de la Ville de Paris ; une explication de mes études, de mes travaux, de mes actes, de mes projets demeurés inexécutés, qui les mit en lumière sous leur vrai jour ; enfin, une réfutation décisive des erreurs,