Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blées fort convenablement, qui formaient le premier étage d’une petite maison appartenant à M. Garreau, Conseiller de la Cour Royale, et contiguë à son hôtel, dont elle constituait une sorte d’annexe. Cette location me mettait chez lui, pour ainsi dire, bien que j’eusse mon entrée à part. Elle n’était possible qu’en raison de l’accueil empressé que, dès les premiers temps, j’avais reçu de lui, de tous les siens, et particulièrement de sa femme, laquelle connaissait mes parents de Colmar, amis de son père, longtemps Receveur Général du Haut-Rhin. Mon nom suffit pour me faire admettre dans l’intimité de cette famille, très nombreuse, très gaie, dont le salon comptait parmi les plus agréables. Pour un peu, je serais devenu son commensal.

Mais, ce nouveau domicile, sis rue Neuve, à côté des rues aristocratiques des Hautes et des Basses Treilles, se trouvait tout près de la Place d’Armes, où je prenais pension, pour ma nourriture, à raison de 120 francs par mois, chez un restaurateur en renom, tenant une table réservée aux fonctionnaires publics sans famille, qu’il présidait patriarcalement, afin de servir lui-même ses clients de distinction.

J’avais là, comme convives, deux conseillers à la Cour Royale ; un avocat général ; le Conservateur des Hypothèques ; un professeur de Droit ; des inspecteurs de services financiers, et fort exceptionnellement, deux étudiants en Droit, neveux d’un des conseillers : M. Bussière, ancien Avocat Général à Limoges, qui me témoignait une grande amitié, et avec qui je me promenais d’ordinaire.

C’était un homme instruit, aimant les lettres, curieux de recherches historiques, archéologiques et artistiques.