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cabinet, et je l’aidais à organiser la petite fête, ce dont Préfet et Préfète s’avouaient également incapables.

Du reste, comme je l’expliquais plus haut, pendant assez longtemps, mes fonctions, plus qu’amoindries, me laissèrent beaucoup de loisirs.

Avant tout, j’en profitai pour m’assurer des rapports en ville. Sans parler des principaux fonctionnaires, chez qui mon titre me donnait accès, naturellement, j’avais été recommandé très chaudement, de Paris, aux familles les plus considérables de Poitiers, et je fus bientôt fort répandu, non seulement dans le monde officiel et dans la Magistrature, qui faisait bande à part, avec le Barreau et l’École de Droit, mais encore dans la banque et le haut commerce, et même dans quelques maisons de l’aristocratie, où l’homme bien élevé faisait oublier l’adversaire politique.

Je me liai particulièrement avec les fils du Receveur Général, M. Chazaud, qui tenaient la tête de la jeunesse dorée locale, et avec quelques autres jeunes gens du même milieu. On se rencontrait à la salle d’armes, dans le jour, et, le soir, au spectacle, au bal ou dans les mêmes salons.

Aucune bonne fête sans nous. Dans l’hiver de 1831 à 1832, nous organisâmes ensemble des redoutes (bals d’abonnement) qui obtinrent le plus grand succès. Pour ma part, je dansais peu ; mais je valsais presque bien, et je conduisais, au besoin, un cotillon.

Je finis par me loger dans le quartier haut, le mieux habité de la ville, où j’eus la très bonne chance de trouver un appartement composé de trois pièces, meu-