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bien plus compréhensif et infiniment plus débrouillard, que la patronne.

Une grande intimité régnait, de longue date, entre la famille du Préfet et celle de son Chef de Cabinet, M. Maréchal, qui se composait, outre le mari et la femme, d’une charmante fille, fiancée à un jeune avocat breton, lequel faisait son stage à Poitiers, où je l’entendis plaider pour la première fois. Cet avocat entra bientôt dans la Magistrature. Il y fit un chemin rapide, sous le second Empire ; car, après avoir dirigé de grands parquets de province, il devint Avocat Général à la Cour de Cassation, et mourut Président de Chambre : c’était M. Corentin Guyho.

Enfin, un autre Breton, également amené de Saint-Brieuc, travaillait, comme simple employé, sous les ordres du Chef de Cabinet.

Je connus, à Poitiers, plusieurs jeunes gens, alors étudiants en droit, qui marquèrent, comme M. Guyho, dans la Magistrature, notamment : M. Talbot (d’Angers), — celui-ci tint à s’occuper quelque temps, à titre de secrétaire, auprès de moi : il devint Procureur Général. — M. Métivier (fils d’un Professeur de Droit de Poitiers), qui finit dignement sa carrière, comme Premier Président de la Cour d’Angers ; enfin, M. Bourbeau, depuis, Professeur de Droit, que l’Empereur Napoléon III fit Ministre de l’Instruction Publique et des Cultes : homme de grand mérite ; mais, « manquant de prestige ». Il succomba sous cette plaisanterie, malheureusement trop vraie, je suis forcé d’en convenir.

Je reçus un accueil plein de bienveillance dans le milieu provincial, très bourgeois, de la société qui