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ments antérieurs, à son titulaire, et laissé vacant, pour la première fois, par mon prédécesseur immédiat, le comte de Traversay, noble citoyen de Poitiers, qui possédait une habitation dans cette ville.

Je me gardai bien de faire la moindre observation à ce sujet. J’aurais, d’ailleurs, été fort empêché d’occuper seul un appartement complet, et moins libre de vivre à ma guise, dans l’hôtel de la Préfecture, à côté de la famille du Préfet, que partout ailleurs. Enfin, cet ancien Évêché attenait à la cathédrale, sise place Saint-Pierre, presque au bas du versant oriental de la ville, à l’opposite de l’emplacement où se trouve aujourd’hui la gare du chemin de fer de Paris à Bordeaux, dont il n’était pas question à cette époque, et qui s’ouvre au bas du versant occidental. — Depuis lors, un magnifique hôtel de Préfecture fut construit au centre de la ville.

Pour toutes les commodités de la vie, comme pour les relations du monde, il me convenait beaucoup mieux d’habiter les hauts quartiers, établis sur la croupe assez étendue qui sépare les deux versants, que cette place Saint-Pierre, sise loin de tout ; car, on devait, de là, grimper à pied, faute de voitures de place, une pente abrupte, par des rues étroites, mal éclairées, et pavées de cailloux pointus, avec de rares bandes de grès le long des maisons, pour aller n’importe où le soir, et il était presque aussi difficile, et certes encore moins sûr, d’y redescendre, la nuit, par tous les temps.

Quelques jours passés à l’hôtel des Trois-Piliers, après ma descente de la malle-poste, et, pendant lesquels eurent lieu mon installation et mes visites officielles, me permirent de faire choix, au centre de la ville, d’un logement tout meublé, chez d’honnêtes bourgeois,