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Finalement, un partage d’attributions s’opéra tout naturellement entre le Cabinet et le Secrétariat Général : de mon côté, les affaires proprement dites ; de l’autre, la politique, fort occupante dans un pays où toute la haute société, presque toute la grande propriété, plus, une bonne partie de la Magistrature, appartenaient à la cause légitimiste, pendant que l’Opposition Libérale et même la République comptaient des partisans dans les autres classes, et de bruyants adhérents parmi les étudiants de la Faculté de Droit et ceux de l’École secondaire de Médecine.

La Vendée était en insurrection, et la partie du département qui touchait le Bocage, ne se montrait pas des plus calmes. Lors de l’aventureuse expédition de Mme la Duchesse de Berry, le Préfet ordonna, par mesure de Haute Police, de sévères perquisitions dans les châteaux d’un certain nombre de grands personnages : le Duc d’Escars, en tête. Il délégua, pour ces missions, délicates à tous égards, des Conseillers de Préfecture. Le Secrétaire Général, alors trop absorbé par la direction du travail des bureaux, en fut heureusement dispensé.

Mais, au début, la Préfecture ne me prenait pas assez de temps à mon gré. Je me sentais accordée par avance toute liberté de m’en désintéresser complètement, ainsi que mon prédécesseur, tant le courant des affaires se trouvait bien établi vers Le Cabinet du Préfet.

L’annihilation du Secrétariat Général avait été poussée si loin, que le Chef du Cabinet et sa famille occupaient, dans l’hôtel de la Préfecture, ancien palais épiscopal, l’appartement réservé, sous les gouverne-