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tandis que l’administration du pays, confiée jusqu’alors à des fonctionnaires dont on n’exigeait qu’un dévouement aveugle au « Trône et à l’Autel », m’ouvrirait une voie inexplorée, où, travailleur et instruit, je saurais me signaler et marcher rapidement.

M. Casimir Périer, qui venait d’arriver, avec la Présidence du Conseil, au Ministère de l’Intérieur, reconnaissant la nécessité d’améliorer la première composition du nouveau personnel de l’Administration Départementale, s’en occupait, à point nommé.

Le Prince chargea le comte de Montalivet, un de nos anciens de Henri IV, Ministre de l’Instruction Publique, de me signaler tout particulièrement, de sa part, au nouveau Président du Conseil.

M. Casimir Périer me fit appeler. Il me connaissait, ainsi que ma famille. D’ailleurs, il siégeait à la table de M. Laffitte, au nombre des mangeurs de melon glacé, vers lesquels, le 29 juillet au soir, on m’avait envoyé, quelque peu détérioré, mal essuyé de la fumée de la poudre, et fort altéré par la chaleur, en attendant la fièvre qui me prit dans la nuit seulement, attester la fin de la lutte et le triomphe de la Révolution, dont ils ne s’étaient pas encore proclamés les chefs.

J’ajoute que mon père, déjà rentré dans l’armée, comme Sous-Intendant Militaire, se trouvait détaché près du Ministre de l’Intérieur, en cette qualité, pour l’organisation des services administratifs de la Garde Nationale.

Le Grand Ministre, dont j’eus toujours la bienveillance, me dit que, pour couvrir le Prince Royal, vis-à-vis de la Chambre, très jalouse des influences de Cour,