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et attachée d’un ruban bleu-ciel, liséré de rouge. Elle portait, sur une face, le Coq Gaulois ; sur l’autre, 27, 28, 29 juillet 1830, et, en exergue : « Patrie et Liberté. »

Il me répugnait de me mêler à la tourbe qui se rua promptement à la curée des places. Puis, je ne savais pas encore bien ce que je voulais. Sous la Restauration, le Barreau, pour lequel j’avais un penchant fort modéré, me semblait, à la fin, la carrière me convenant le mieux, à défaut des fonctions publiques, inaccessibles aux membres des familles impérialistes. Mais, la Magistrature pouvait s’ouvrir devant moi désormais, et, avant tout, il me fallait passer mes derniers examens de Droit et mes thèses finales.

Le Prince Royal, pour m’attacher à sa personne, conçut l’idée de me faire attribuer une des sous-lieutenances créées, par une loi exceptionnelle, en faveur des Combattants de Juillet ; mais, outre que je ne me reconnaissais pas cette qualité, mes études juridiques ne m’avaient pas préparé du tout à la carrière des armes, et ne pouvaient m’y servir en aucune façon. Je me serais trouvé, d’ailleurs, à la suite de mon frère cadet, qui venait justement d’entrer à l’École de Saumur, comme officier de Cavalerie.

Je me tins donc à l’écart, tout le temps nécessaire au complément de mes études, sauf mon service dans la Garde Nationale, qui fut assez rude, à cause des mouvements tentés, dès cette époque, par le parti républicain.

Mon dernier diplôme obtenu, je retournai chez M. le Duc d’Orléans, pour me déclarer prêt à entrer dans la Magistrature, que je préférais décidément au Barreau.

Le Prince m’en dissuada. Selon lui, rien d’important n’était à faire dans cette branche du service public,