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chemin faisant, le comte Pajol, général du premier Empire, qui m’interrogea sur la position des choses, et ne me parut point du tout prêt au moment de monter à cheval, comme il le fit le soir, pour prendre le commandement des forces populaires.

Arrivé, de bonne heure, dans les bureaux du Temps, j’acceptai la mission de porter, de la rue de Richelieu à l’Hôtel de Ville, à travers des quartiers où la lutte était dans son plein, une dépêche adressée au baron Baude et de rapporter ses communications. Je partis, avec un compagnon bénévole : M. Étienne Arago, si je ne me trompe, jeune alors, ainsi que moi. Nous marchions armés de fusils, bien entendu. C’est en cet équipage que j’entrai, pour la première fois de ma vie, dans le Palais Municipal.

Nous eûmes beaucoup de peine à parvenir jusqu’au baron Baude, au milieu d’un tohu-bohu d’allants et venants, et malgré les consignes de la garde improvisée par les vainqueurs de la veille. Mais, je pus lui remettre, en mains propres, ma dépêche, et je reçus, avec divers messages verbaux, copie de la proclamation qu’il venait de lancer, pour la faire imprimer au Temps, et répandre dans les quartiers de Paris dont l’Hôtel de Ville était coupé.

À notre retour, nous constations que le Louvre tenait encore : il ne fut pris qu’à midi.

Vers deux heures, la bataille se prolongeait, très vive, aux abords du Théâtre-Français, et je fus envoyé de ce côté, pour m’enquérir de ce qui s’y passait. J’eus la mauvaise inspiration de faire un détour par la rue des Moulins, où mon notaire demeurait, presque à l’angle de la rue des Petits-Champs. Je gagnai, de proche en pro-