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Baude, mon père et leurs complices, nous étions bon nombre auprès d’eux, bien résolus à protéger, qu’ils le voulussent ou non, ces défenseurs de la Constitution violée. Mais, le Gouvernement eut, dès lors, bien assez à faire de se protéger, de se défendre lui-même contre la fureur des masses populaires.

De tous côtés, on accourait chercher des directions au Temps, et, du sien, des négociations actives s’engageaient, dès la soirée du 27 juillet, pour constituer un Gouvernement Provisoire. Elles n’aboutirent que le soir du 29, après le triomphe définitif de l’insurrection.

Toutefois, quand l’Hôtel deVille fut au pouvoir de ses assaillants, c’est-à-dire à la fin de la journée du 28, le baron Baude en courut prendre possession, au nom et comme Secrétaire Général de ce Gouvernement Provisoire qui n’existait pas encore, et, le 29 au matin, il signa de sa propre autorité, mais au même nom, sans plus attendre, une proclamation au Peuple de Paris, dont l’effet immense fit cesser les hésitations des hommes que leur situation politique désignait pour diriger la révolution accomplie.

Je sais le fait de science certaine, comme on le verra ci-après. Il montre de quelle énergie était doué cet ancien Préfet de Napoléon Ier, qui fut Préfet de Police au début du Gouvernement de Juillet, et qu’on accusa, lors de la destruction de l’Archevêché de Paris, de faiblesses imputables seulement à M. Odilon Barrot, Préfet de la Seine.

Le 29, avant jour, je montai chercher ma jeune sœur, en pension tout en haut du faubourg du Roule, pour la ramener auprès de ma mère et je rencontrai,