CHAPITRE XIX
L’expédition de Marmande fut le dernier acte du général d’Arbouville, avec lequel je me serais bien entendu, je crois, s’il eût gardé son commandement. C’était une nature droite, loyale, ouverte ; un parfait gentilhomme, appartenant au meilleur monde. Je le regrettai beaucoup.
Son successeur, le général Le Pays de Bourjolly, prit possession du commandement, le 8 décembre. Il différait du général d’Arbouville sous beaucoup de rapports. Comme lui, sans doute, il avait d’excellentes manières et pouvait passer pour un « gentleman » accompli, quoique sa tenue semblât toujours un peu raide et comme étudiée. Mais, hors du monde, à cheval sur ses prérogatives et sur les règles de l’étiquette, il se montrait plein de morgue, exigeant, hérissé de susceptibilités. Cet officier général, irréprochable dans un salon, devenait vraiment insupportable dans les relations de service.